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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME EN AFRIQUE : PASSER DE LA PAROLE AUX ACTES

L’émancipation de la Femme en Afrique se présente comme un processus qui doit conduire à l’harmonisation entre la civilisation africaine et la civilisation universelle, notamment en ce qui concerne la place et le rôle de la Femme africaine dans la civilisation universelle. Un processus de revitalisation de la civilisation africaine, expurgée des éléments caducs et inhibiteurs, débarrassée des apports extérieurs aliénateurs et enrichie des valeurs de la modernité et des droits humains. L’enjeu, c’est notre légitimité d’appartenance à la civilisation universelle et à toutes les institutions qui la gouvernent. L’enjeu est aussi notre légitimité en tant que membre de cette communauté mondiale. L’enjeu est enfin la sincérité et la crédibilité de nos engagements dans les traités internationaux.

 

La tâche est immense car l’émancipation de la Femme en Afrique demeure entravée par toute une série de contraintes qui relèvent majoritairement de la tradition. Elles s’inscrivent bien souvent dans le regard que nos sociétés patriarcales portent sur les femmes. Des regards qui se nourrissent de stéréotypes de genre liés à des normes sociales ancestrales fortement ancrées dans les mentalités. Ces contraintes entretiennent ainsi, à des degrés divers, de nombreuses inégalités entre les hommes et les femmes. 

 

Les droits fondamentaux des femmes sont alors régulièrement bafoués ou constamment menacés par des forces conservatrices qu’elles doivent affronter pour le respect de leur corps (mutilation génitale, agression sexuelle et physique, viols, etc.), pour la liberté de leurs choix matrimoniaux (mariages précoces et forcés) et pour l’accès à des droits familiaux qui ne les réduisent pas à l’état de mineurs ontologiques (héritage, gestion des ressources familiales).

 

Ne sachant ni lire, ni écrire, abandonnées à elles-mêmes, sans qualification professionnelle, ni compétences managériales, de nombreuses femmes en Afrique rencontrent d’énormes difficultés pour accéder aux ressources, aux technologies et aux marchés. On peut même affirmer qu’elles peinent pour entreprendre une activité économique et accéder à l’autonomie financière. Pour couronner le tout, dans de nombreuses communautés, le droit coutumier leur donne rarement accès à la terre et la propriété foncière. Pourtant, ce sont elles qui produisent jusqu’à 80% des denrées alimentaires. 

 

À l’école, dans la vie professionnelle, économique, politique et sociale les femmes sont l’objet de discriminations et - beaucoup trop souvent - réduites à une position de subordination par rapport aux hommes. Les filles ont moins de chance que les garçons d’aller à l’école et d’atteindre des niveaux d’instruction élevés. Pour tout dire, elles ont peu d’opportunités d’accéder à une qualification professionnelle et à un emploi rémunéré décemment. 

 

Elles sont exposées au phénomène des grossesses précoces et des filles-mères. Un fait de société qui entraine des abandons scolaires, provoquent parfois le rejet de la famille et de l’entourage et compromet l’avenir de ces adolescentes. Souvent abandonnées par les parents et par leurs partenaires, livrées à elles-mêmes, la plupart des filles-mères vivent dans la précarité, exploitées, exposées aux abus et à la violence, parfois contraintes à la prostitution. 

 

Dans le monde du travail, les femmes sont peu nombreuses dans les postes de responsabilité et de direction. À qualification égale, leur salaire est toujours inférieur à celui des hommes. Le taux d’analphabétisme est plus important chez les femmes que chez les hommes. Elles sont les 2/3 des 800 millions d’adultes analphabètes dans le monde.

 

Dans le fond, c’est tout simplement une question de pouvoir. Ce pouvoir détenu historiquement par les hommes et dont ils ont tant de mal à concéder le partage. En Côte d’Ivoire, on compte seulement 34 femmes sur 255 députés à l’Assemblée nationale (12,5%) ; 24 femmes sur 99 sénateurs (24%) ; 21 femmes maires sur 201 communes (10%) ; 02 femmes présidentes de conseil régional (6%) et 6 femmes sur 33 membres du gouvernement (inférieur à 2%). 

 

La tâche est donc immense. Car, l’émancipation de la femme en Afrique est un impératif catégorique. Elle exige de repenser les politiques en faveur de la femme afin d’en faire une urgence nationale si nous ne voulons pas que le fossé qui nous sépare de la civilisation universelle s’agrandisse davantage au rythme de l’évolution de la société moderne.  

 

Les pistes de solutions 


 

Une famille ne se développe que proportionnellement aux efforts de la femme. La discrimination est donc non seulement injuste sur un plan éthique mais elle est absurde en termes d’efficacité économique et de perspectives de développement. Sans la pleine participation des femmes au processus de développement, notre croissance économique restera limitée. C’est pourquoi, il nous faut passer urgemment de la parole aux actes, c’est-à-dire faire de l’émancipation de la femme une urgence en Afrique et se fixer des objectifs ambitieux en termes d’éducation-formation.

 

Passer de la parole aux actes, c’est rendre l’école effectivement obligatoire et gratuite en particulier pour la jeune fille et éradiquer l’analphabétisme. Dans le monde moderne, savoir lire, écrire et calculer afin d’être capable d’analyser et de comprendre les phénomènes et les évènements de la vie quotidienne est fondamentale pour l’existence et l’épanouissement de tout être humain. Il est impérieux de révolutionner la politique d’alphabétisation et de promouvoir l’éducation non formelle afin d’éradiquer l’analphabétisme en Afrique à l’horizon 2050, soit un taux d’alphabétisation avoisinant les 100% en une génération. 

 

Passer de la parole aux actes, c’est assurer la promotion économique des Femmes et affermir une vraie égalité professionnelle. Les Femmes doivent être au cœur de la transformation structurelle de l’économie africaine et de la modernisation du secteur informel. Cela passe par la formation des femmes à l’esprit d’initiative et d’entreprise, par le financement et l’accompagnement. C’est un enjeu majeur qui exige la mobilisation de toutes les Institutions publiques et privées, notamment l’administration publique, les collectivités locales, les Organisations Non Gouvernementales (ONG), les Institutions financières et le secteur privé. 

 

Passer de la parole aux actes, c’est ne jamais baisser les bras devant les violences faites aux femmes. Nous devons nous attaquer au décalage entre nos engagements internationaux et la réalité parfois tragique que vivent les femmes. 

 

Pascal Affi Nguessan 

Président du FPI

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