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Discours de Pascal Affi N’Guessan a l’occasion du 2eme congrès ordinaire du COJEP

Chers camarades militants et sympathisants du COJEP, cher Charles Blé Goudé,

Je voudrais tout d’abord vous dire ma joie d’être à vos côtés et vous remercier pour votre invitation à votre deuxième congrès ordinaire.

 

Je suis venu apporter le salut fraternel du Front Populaire Ivoirien au Congrès Panafricain pour la Justice et l’Egalité des Peuples.

 

Ce congrès, le COJEP l’a placé sous le double signe de la réflexion et des retrouvailles : réflexion sur le rôle et la place du COJEP face aux mutations politiques, économiques et sociales nationales et sous-régionales ; retrouvailles avec votre président, Charles Blé Goudé. Comme vous, nous avons vécu son retour avec beaucoup d’émotion il y a tout juste un an.

C’est la même émotion qui m’étreint ce jour qui marque une étape particulière du combat du COJEP et du parcours politique de Charles Blé Goudé.

 Je suis d’autant plus heureux de partager ce moment avec vous que depuis son retour, Charles Blé Goudé, votre président, inscrit tous ses actes, toutes ses paroles dans le nécessaire processus de réconciliation nationale.

 

Et vous connaissez tous l’attachement du FPI, mon attachement personnel aussi, à la paix en Côte d’Ivoire et par conséquent à la réconciliation sincère de tous ses enfants.

 

Le processus de réconciliation nationale a fait des progrès, mais nous aurions tort de croire qu’il est achevé. Sinon :

𝑃𝑜𝑢𝑟𝑞𝑢𝑜𝑖 𝑡𝑜𝑢𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑎𝑡𝑟𝑖𝑜𝑡𝑒𝑠 (𝑐𝑖𝑣𝑖𝑙𝑠 𝑒𝑡 𝑚𝑖𝑙𝑖𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠) 𝑎𝑟𝑟𝑒̂𝑡𝑒́𝑠 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒 𝑐𝑎𝑑𝑟𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑐𝑟𝑖𝑠𝑒𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑒 𝑝𝑎𝑦𝑠 𝑎 𝑐𝑜𝑛𝑛𝑢𝑒𝑠, 𝑛𝑒 𝑠𝑜𝑛𝑡-𝑖𝑙𝑠 𝑝𝑎𝑠 𝑙𝑖𝑏𝑒́𝑟𝑒́𝑠 𝑎𝑝𝑟𝑒̀𝑠 𝑎𝑣𝑜𝑖𝑟 𝑝𝑎𝑠𝑠𝑒́ 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑑𝑒 10 𝑎nnée𝑠 𝑒𝑛 𝑝𝑟𝑖𝑠𝑜𝑛 ?

𝑃𝑜𝑢𝑟𝑞𝑢𝑜𝑖 𝑙𝑎 𝑝𝑒𝑟𝑠𝑖𝑠𝑡𝑎𝑛𝑐𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑚𝑒́𝑓𝑖𝑎𝑛𝑐𝑒 𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑙𝑒𝑠𝑝𝑟𝑖𝑡 𝑑𝑒 𝑏𝑒𝑙𝑙𝑖𝑔𝑒́𝑟𝑎𝑛𝑐𝑒 𝑒𝑛𝑡𝑟𝑒 𝑛𝑜𝑠 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑎𝑡𝑟𝑖𝑜𝑡𝑒𝑠 𝑝𝑟𝑒̂𝑡𝑠 𝑎̀ 𝑑𝑒́𝑡𝑒𝑟𝑟𝑒𝑟 𝑙𝑎 𝑚𝑎𝑐𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑑𝑒 𝑔𝑢𝑒𝑟𝑟𝑒 𝑖𝑛𝑡𝑒𝑟𝑒𝑡𝑛𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑎𝑢 𝑚𝑜𝑖𝑛𝑑𝑟𝑒 𝑖𝑛𝑐𝑖𝑑𝑒𝑛𝑡, 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑖𝑙 𝑎 𝑒́𝑡𝑒́ 𝑑𝑜𝑛𝑛𝑒́ 𝑑𝑒 𝑙𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡𝑎𝑡𝑒𝑟 𝑎𝑣𝑎𝑛𝑡-ℎ𝑖𝑒𝑟 𝑎̀ 𝐺𝑛𝑎𝑔𝑏𝑜𝑑𝑜𝑢𝑔𝑛𝑜𝑎 ?

𝑃𝑜𝑢𝑟𝑞𝑢𝑜𝑖 𝑙𝑒𝑠𝑝𝑟𝑖𝑡 𝑑𝑒 𝑐𝑙𝑎𝑛𝑠 𝑐𝑜𝑛𝑡𝑖𝑛𝑢𝑒-𝑡-𝑖𝑙 𝑑𝑜𝑟𝑖𝑒𝑛𝑡𝑒𝑟 𝑙𝑎𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑝𝑢𝑏𝑙𝑖𝑞𝑢𝑒, 𝑑𝑒𝑛𝑣𝑎𝑖𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝑖𝑛𝑠𝑡𝑖𝑡𝑢𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑅𝑒́𝑝𝑢𝑏𝑙𝑖𝑞𝑢𝑒, 𝑑𝑒 𝑔𝑎𝑛𝑔𝑟𝑒́𝑛𝑒𝑟 𝑛𝑜𝑡𝑟𝑒 𝑑𝑒́𝑚𝑜𝑐𝑟𝑎𝑡𝑖𝑒 ?

𝑃𝑜𝑢𝑟𝑞𝑢𝑜𝑖 𝑙𝑒𝑠 𝐼𝑣𝑜𝑖𝑟𝑖𝑒𝑛𝑛𝑒𝑠 𝑒𝑡 𝑙𝑒𝑠 𝐼𝑣𝑜𝑖𝑟𝑖𝑒𝑛𝑠 𝑛𝑒 𝑠𝑜𝑛𝑡-𝑖𝑙𝑠 𝑝𝑎𝑠 𝑎𝑟𝑟𝑖𝑣𝑒́𝑠 𝑎̀ 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑎𝑔𝑒𝑟 𝑙𝑎 𝑚𝑒̂𝑚𝑒 𝑙𝑒𝑐𝑡𝑢𝑟𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑑𝑜𝑢𝑙𝑜𝑢𝑟𝑒𝑢𝑥 𝑒́𝑣𝑒́𝑛𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡𝑠 𝑑𝑢 𝑝𝑎𝑠𝑠𝑒́ 𝑒𝑡 𝑎̀ 𝑒𝑛 𝑡𝑖𝑟𝑒𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝑚𝑒̂𝑚𝑒𝑠 𝑐𝑜𝑛𝑐𝑙𝑢𝑠𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑒𝑡 𝑒𝑛𝑠𝑒𝑖𝑔𝑛𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡𝑠 ?

 

En vérité, la réconciliation nationale a été bâclée. Les plaies psychiques, psychologiques et morales ne sont pas toutes cicatrisées. La Côte d’Ivoire vit dans l’hypocrisie d’une trompeuse apparence de réconciliation.

 

Certes, depuis 13 ans les choses ont bougé et les avancées sont réelles en matière d’apaisement de notre climat politique.

 

Aujourd’hui, le président Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont rentrés en Côte d’Ivoire.

Aujourd’hui, le statut de réfugié politique ne s’applique plus aux citoyens de notre pays.

Aujourd’hui, aucun parti politique ne boycotte plus les élections, nationales ou locales.

Mais nous aurions tort de croire que l’absence de conflit est la garantie d’une paix définitive. Nous aurions tort d’oublier que tant qu’il reste une braise, le feu peut repartir. Certains discours et postures politiques nous interpellent. La tentation existe, chez certains de nos compatriotes, à nouveau, d’allumer le feu.

 

Les avancées ne doivent pas masquer qu’aucun processus de réconciliation ne peut s’ancrer dans la durée sans que la justice transitionnelle ne vienne panser les plaies des victimes. C’est pourquoi les ivoiriens avaient salué en juillet 2011, la création de la Commission, Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR).

 

Or, aucun des 4 principes de la justice transitionnelle n’a été respecté : la vérité, la justice, les réparations, les garanties de non-répétition.

 

La vérité sur les événements qui ont déchiré notre Nation n’a jamais été énoncée. C’était pour temps la première mission de la CDVR : « 𝑟𝑒𝑐𝑒𝑟𝑐𝑒𝑟 𝑙𝑎 𝑣𝑒́𝑟𝑖𝑡𝑒́ 𝑒𝑡 𝑠𝑖𝑡𝑢𝑒𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝑟𝑒𝑠𝑝𝑜𝑛𝑠𝑎𝑏𝑖𝑙𝑖𝑡𝑒́𝑠 𝑠𝑢𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝑒́𝑣𝑒̀𝑛𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡𝑠 𝑠𝑜𝑐𝑖𝑜-𝑝𝑜𝑙𝑖𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒𝑠 𝑛𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑎𝑢𝑥 𝑝𝑎𝑠𝑠𝑒́𝑠 𝑒𝑡 𝑟𝑒́𝑐𝑒𝑛𝑡𝑠𝑒𝑛𝑡𝑒𝑛𝑑𝑟𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝑣𝑖𝑐𝑡𝑖𝑚𝑒𝑠, 𝑜𝑏𝑡𝑒𝑛𝑖𝑟 𝑙𝑎 𝑟𝑒𝑐𝑜𝑛𝑛𝑎𝑖𝑠𝑠𝑎𝑛𝑐𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑓𝑎𝑖𝑡𝑠 𝑝𝑎𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝑎𝑢𝑡𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑑𝑒𝑠 𝑣𝑖𝑜𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑖𝑛𝑐𝑟𝑖𝑚𝑖𝑛𝑒́𝑒𝑠 𝑒𝑡 𝑙𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑑𝑜𝑛 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑒́𝑐𝑢𝑡𝑖𝑓 ». Les travaux de la CDVR n’ont pas été médiatisés, les responsabilités restent à être situées, très peu d’Ivoiriens ont entendu les victimes, les auteurs de violations incriminées sont à l’heure actuelle inconnus et le rapport de la CDVR n’a jamais été rendu public. Rechercher la vérité n’est pas retourné le couteau dans la plaie, réveiller les vieux démons. La vérité n’est pas un facteur de division. Elle est d’abord honorer ceux qui ont été massacrés, comprendre et partager la douleur des parents des victimes. « 𝑰𝒍 𝒚 𝒂 𝒅𝒆𝒔 𝒄𝒉𝒐𝒔𝒆𝒔 𝒒𝒖𝒐𝒏 𝒏𝒆 𝒑𝒆𝒖𝒕 𝒗𝒐𝒊𝒓 𝒄𝒐𝒎𝒎𝒆 𝒊𝒍 𝒇𝒂𝒖𝒕, 𝒒𝒖𝒂𝒗𝒆𝒄 𝒅𝒆𝒔 𝒚𝒆𝒖𝒙 𝒒𝒖𝒊 𝒐𝒏𝒕 𝒑𝒍𝒆𝒖𝒓𝒆́𝒔 ». La vérité est une condition indispensable et préalable du pardon et de la réconciliation. C’est par la vérité que l’on guérira notre pays.

 

La justice rendue a été celle des vainqueurs, forcément partiale, biaisée et incomplète, dans un contexte de chasse aux sorcières.

 

Les victimes n’ont pas toutes été identifiées et les réparations demeurent discriminatoires.

Faute de réformes institutionnelles à la mesure des maux qui ont été à l’origine de la crise, (tribalisme, foncier, droit des minorités, démocratie, bonne gouvernance), une répétition n’est malheureusement pas impossible.

 

C’est bien d’ailleurs parce que nous nous sommes durement affrontés sur l’interprétation de notre constitution, que nous avons connu une nouvelle crise en 2020.

 

C’est bien parce-que notre réconciliation n’est pas achevée, qu’un nouveau dialogue politique a été nécessaire.

 

C’est bien pour jouer pleinement son rôle d’aiguillon de la réconciliation, que le 2 mai dernier, le Front Populaire Ivoirien a signé un accord de partenariat avec le parti au pouvoir, qui a pour unique objet la réconciliation nationale, la cohésion sociale et la démocratie.

Notre signature constitue un engagement à la réconciliation. Elle nous autorise, elle nous oblige même, à tenir un discours de vérité à notre partenaire.

 

• Au nom de la réconciliation, tous les militaires emprisonnés depuis 2012 doivent être libérés et la question des prisonniers de guerre doit être définitivement résolue.

• Au nom de la réconciliation, toutes les souffrances, toutes les victimes doivent enfin être reconnues et indemnisées.

• Au nom de la réconciliation, toute la vérité doit être dite sur les origines et les responsabilités de nos crises.

 

Au FPI, nous nous réjouissons comme vous de la présence de Charles Blé Goudé parmi les siens. Mais nous savons que notre réconciliation ne sera pas achevée tant que le président Laurent Gbagbo, tant que Charles Blé Goudé, n’auront pas retrouvé la plénitude de leurs droits civiques et politiques.

 

La justice internationale les a innocentés des crimes les plus graves qui existent en droit ; ils ont l’un et l’autre passé une décennie de leur vie d’homme en prison. Dans ce contexte, quel serait le sens de maintenir à leur encontre une condamnation de 20 années, pendant que l’on parle de tourner la page du passé ?

 

Au nom de la réconciliation, le président Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé doivent redevenir des citoyens ivoiriens à part entière.

 

Au FPI, nous observons avec une grande attention les pérégrinations de Guillaume Soro auprès des juntes militaires de la sous-région. Il annonce son retour en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens l’attendent ; car en tant que chef de l’ex-rébellion armée qui a endeuillé le pays, Guillaume Soro doit rendre des comptes à la Nation ivoirienne au nom de la réconciliation nationale.

Rendre des comptes, ce n’est pas demander pardon sur les réseaux sociaux ou dans des médias internationaux. C’est faire acte de repentance pour tout le mal causé à notre pays, c’est le faire lors d’une cérémonie solennelle.

Lors du dernier remaniement, le président de la République n’a pas jugé utile de conserver un ministère dédié à la réconciliation nationale, considérant certainement que la question ne se posait plus.

Notre appréciation sur la réalité de la réconciliation, vous l’avez bien compris, est différente. A ce titre, nous allons proposer au RHDP l’organisation d’un séminaire national pour dresser le bilan de la réconciliation, identifier ses limites, confronter nos analyses et nos propositions d’approfondissement.

Dans un partenariat, l’une des parties ne peut décider de tourner une page sans que l’autre l’ait lue. C’est la Nation tout entière qui doit en réalité tourner la page du passé pour construire un avenir partagé.

Je vous remercie.

 

Pascal Affi N’Guessan

President du Front Populaire Ivoirien

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