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DIADÈME POUR LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE

Le Sénégal a toujours voulu préserver sa particularité de pays d’intellectuels et avant-gardiste des thèses d’une avancée plus rapide dans le domaine des droits de l’homme. Cet orgueil positif, doublé d’occurrences factuelles – recherches de conduites vertueuses en affaires, construction d’un État de droits et d’égalité de chance pour tous, volonté d’une distribution plus équitable de la richesse nationale, éducation sociale à la démocratie -, fondent le socle d’une identité politique et culturelle depuis quelques décennies. Les fréquentes grèves dans les écoles et universités, ou dans le milieu professionnel rythment la mesure de cette démocratie en construction au sein de la société. Ces moments d’agitations particulières de la vie sociale, ponctués par de rares violences et des contestations incompressibles, ont, au fil du temps, donné une carapace et un caractère incorruptibles aux peuples.

 

C’est cette évolution tangible à la maturation démocratique qui a engendré la bruyante et historique remise en cause de la mauvaise gestion de Macky Sall, par Ousmane Sonko – chose qu’on se garderait de faire dans bien de pays de l’Afrique francophone, pour cause de risque majeur d’y perdre la vie. Il écrit Pétrole et gaz au Sénégal, Chronique d’une spoliation, en mai 2017, pour remettre en cause la gestion scandaleuse de la manne pétrolière, la concussion et la gangrène corruptive qui éreintent le pouvoir Macky Sall. Comme lui, le Président actuel Bassirou Domaye Faye, alors fonctionnaire dans l’administration fiscale, met en épingle, la corruption généralisée et l’auréole népotique qui entoure l’opaque gestion collective du régime, en complicité avec l’administration judiciaire. Ces velléités courageuses entraînent d’ailleurs, leur éviction de l’administration et des peines d’emprisonnement – le Président actuel de la République, pour cause d’outrages à magistrat. C’est, sans nul doute, ces actes de témérité inouïe pour une Afrique du silence et de la complicité tacite, liée aux représailles sauvages des hommes politiques ; actes qui renferment le ferment des attentes de jeunesses brimées, recluses, persécutées et plongées dans la détresse historique du chômage ; tourmentées par le pessimisme et un halo sans fin de vide existentiel, qui donnent forme au sursaut généralisé de tout un peuple maintenu dans le mutisme et la couardise fatals à son bonheur. Et, le cri d’exaspération, est sans doute venu de là :  au tréfonds du peuple dont l’âme profonde s’est projetée dans l’urgence de la libération collective, de la rupture de liens de fer, et de sombres tragédies, perpétrés par tous les régimes politiques…Tout le reste, n’aura été et n’est que l’expression des péripéties du processus.

    

Tout bien pesé, la justice a grandi et décidé de prendre ses responsabilités au cœur des faux litiges et autres complots fabriqués en politique, au point d’affirmer une position indépendante face à l’exécutif, cette année : le refus d’un report des élections opposé à Macky Sall, par le Conseil Constitutionnel, est la plus haute expression de cette liberté de l’appareil judiciaire. Seuil inenvisageable dans les pays francophones d’Afrique dont Jean Ziegler parlait en termes de protonations, (les protonations sont les pays dans lesquels l’économie capitaliste a fondé une bourgeoisie rapide, comprador, et où la corruption gangrène les mœurs, subvertit les rapports et retarde, par voie de conséquence, l’accession à la démocratie : il a cité la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Cameroun…en exemples). Sortir des griffes contagieuses de la corruption généralisée, de la complicité active ou passive, de la glu des détournements et de la frauduleuse gestion des deniers publics, puis se dresser fièrement devant l’histoire et les hommes. C’est bien cette attitude de défiance qu’a adoptée le fier peuple sénégalais. Et la foi dans les perspectives d’un assainissement possible de la vie politique, d’un nettoyage systématique symbolisé par la métaphore du balai, a germé dans tous les esprits. À commencer par la rue. Elle est montée crescendo pour habiter les consciences individuelles laminées par des décennies de pénitence, d’arrogance des hommes du pouvoir et d’embrigadement. Le résultat des urnes : une élection remportée en quelques heures – cinq en tout - par un candidat qui sort de prison depuis environ une dizaine de jours. Voici l’illustration la plus significative de ce ras-le-bol généralisé de l’ensemble des Sénégalais vis-à-vis des nombreuses années de persécution et d’étouffement de la démocratie dans leur pays.

 

Aux autres pays africains qui aspirent à la démocratie, ce message est lancé : que la liberté de la justice soit ! Que les jeunesses affirment leurs vraies préoccupations dont l’essentiel se trouve dans la capacité de faire des études sérieuses et de son choix, les conditions de sécurité sociale garantie par des bourses d’études, la mise en place de conditions vérifiables de l’équité et de l’égalité des chances, la visibilité d’un avenir certain à tous…Que tous ceux qui se trouvent à des niveaux de décisions quelconques échappent au devoir moral de redevoir au mandant, sa place, sa promotion et/ou son maintien à un poste – surtout administratif…et que les sirènes laudatives et panégyriques des chants de louange drainés par les troubadours et autres communicateurs pseudo-professionnels, cessent d’endormir les consciences et d’endoctriner les milliers de citoyens…Que les paysans puissent affirmer les liens pernicieux et appauvrissants où les plonge depuis des décennies le détournement systématique et voilé de leurs revenus…et leur volonté d’en sortir…

 

Que les urnes cessent d’être manipulées par le pouvoir aux fins de forcer l’unanimisme autour d’une figure politique que le peuple ne veut pas ; ou, dont il n’a plus besoin. Que le jeu électoral cesse de faire l’objet de cirques manipulatoires et de moments d’inversions abusives et trafiquées de l’expression du suffrage…Pour que le peuple choisisse librement ceux de ses fils qui sont réellement porteurs d’un minimum de promesses objectives, traçables ; de rupture, et rédemptrices pour le bien-être collectif. C’est pour ces quelques raisons – nous en donnerons bien plus -, que la prise du pouvoir par la jeunesse, incarnée par un homme de quarante-quatre ans, au Sénégal, est une Source inébranlable d’espérance et d’heureuses projections. En effet, qui, mieux que les jeunes peuvent comprendre et gérer les problèmes de cette névralgique et sensible catégorie sociale ? Désormais, s’ouvrent et s’ouvriront de plus en plus, ‘’les portes de l’opportunité’’, comme le disait Martin Luter King, aux jeunes générations. L’égotisme rampant, la gloutonnerie narcissique de la gérontocratie en politique, les décisions arbitraires et désavantageuses pour les jeunesses, vont connaître un tarissement progressif et inexorable. Car, que ce soit au Tchad, en Guinée, au Mali, au Burkina ou en Guinée-Bissau ; et, maintenant au Sénégal, le pouvoir d’État est passé désormais aux mains de dirigeants plus jeunes ! Quoi qu’en pensent les ‘’esthètes’’ de la démocratie.

 

Et, en cela même, doivent se lire les signes prémonitoires d’une espérance nouvelle pour les jeunesses africaines.  Espérance qu’incarne le Diadème de la démocratie sénégalaise !

 

                                                                                   Pr Raphaël Yao KOUASSI

Maître de Conférences

Université Péléforo Gon Coulibaly

Vice-Président du FPI

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