Dans l’effervescence d’un samedi après-midi ensoleillé, le village de Yaou, dans le département de Bonoua, a vibré au rythme de la célébration de la femme. La troisième édition de la fête de l’Association Wofounigui s’est déroulée le 24 mai 2025, sous un soleil de plomb qui n’a en rien altéré l’enthousiasme des participantes et de leurs invitées de marque.
L’événement, qui a rassemblé les 200 membres de cette association dynamique, a eu pour point d’orgue la présence de Mme Paule Ginette Sopou épouse Séka, présidente nationale de l’Organisation des femmes du Front populaire ivoirien (OFFPI). Accompagnée de sa vice-présidente Mahan Blandine et de la secrétaire nationale Yao Thérèse Dowo, elle est venue apporter son soutien à cette initiative locale portée par l’une des leurs : Koné Bintou, secrétaire générale adjointe du Bureau national de l’OFFPI et présidente de l’Association Wofounigui.
Dès 14 heures, l’ambiance était à la fois festive et solennelle. Koné Bintou a donné le ton en dressant un tableau sans complaisance de la condition féminine contemporaine. « Aujourd’hui, plus que jamais, il est essentiel de valoriser la place de la femme dans toutes les sphères de la société », a-t-elle déclaré avec conviction. Son intervention, empreinte d’une analyse lucide des réalités, a mis en exergue les défis persistants : inégalités salariales, restrictions de liberté pour les jeunes filles, pressions exercées sur les mères pour qu’elles renoncent à leurs aspirations.
Mais au-delà du constat, c’est un message d’espoir qu’elle a porté, rappelant que « depuis toujours, les femmes portent le monde » et qu’elles demeurent « les gardiennes de nos valeurs humaines ». Sa vision de la valorisation féminine dépasse les simples remerciements pour englober une reconnaissance concrète des talents, un respect des choix individuels et une véritable égalité des chances.
La réponse de Mme Paule Ginette Sopou épouse Séka a constitué le moment le plus marquant de cette journée. Visiblement émue par l’accueil qui lui était réservé, elle a d’abord exprimé sa gratitude avec une sincérité touchante, évoquant les liens qui l’unissent à cette communauté de femmes et rappelant l’importance de ne jamais oublier ses origines.
Mais c’est dans la suite de son intervention que la présidente de l’OFFPI a livré ce qui restera comme la phrase phare de cette édition : « Vous êtes la preuve vivante que lorsqu’une femme se lève, c’est toute une communauté qui avance. »
Cette déclaration, prononcée avec une force particulière, résume à elle seule la philosophie qui anime le mouvement féminin ivoirien. Elle transcende le simple slogan pour devenir un véritable credo, une affirmation de la capacité transformatrice de l’engagement féminin. A travers cette formule saisissante, Mme Sopou épouse Séka a su cristalliser l’essence même de ce que représente l’Association Wofounigui : un laboratoire de l’émancipation féminine dont les effets bénéfiques rayonnent bien au-delà de ses 200 membres.
Pour la présidente de l’OFFPI, être femme aujourd’hui ne se limite pas à « porter un nom ou une identité », mais constitue véritablement « une mission ». Cette mission se décline en de multiples rôles : éducatrice, bâtisseuse, entrepreneuse, militante, conseillère. Chacun de ces aspects contribue à faire de la femme une « force de transformation sociale », un agent de changement dont l’impact se mesure à l’aune des communautés qu’elle influence.
Cette vision holistique de l’engagement féminin trouve une résonance particulière dans le contexte de l’Association Wofounigui, où se côtoient des femmes aux profils variés, unies par une même volonté de faire entendre leur voix et de contribuer au développement de leur communauté.
Loin de verser dans l’autosatisfaction, Mme Sopou épouse Séka n’a pas éludé les obstacles qui jalonnent encore le parcours des femmes. L’accès à l’éducation, à la santé, à l’autonomie financière, ainsi que la protection contre les violences, constituent autant de chantiers sur lesquels il reste du travail à accomplir. « Le combat n’est pas terminé », a-t-elle rappelé avec réalisme, encourageant ses auditrices à « rester dignes » et à « continuer de faire entendre leurs voix ».
L'intervention de la présidente de l’OFFPI s’est conclue sur une note d’ouverture et de collaboration. En tendant la main pour « d’éventuels partenariats féconds » et des « projets communs », elle a esquissé les contours d’une « fraternité politique et sociale qui transcende les clivages pour bâtir une nation forte ».
Cette proposition de coopération illustre parfaitement l’esprit qui animait cette troisième édition de la fête de l’Association Wofounigui : dépasser les particularismes pour construire ensemble un avenir où la femme ivoirienne pourra pleinement exprimer son potentiel.
Quand les invitées ont pris congé de leurs hôtes à 17 heures, après trois heures d'échanges intenses, c’est un message d’espoir et de détermination qui continuait de résonner dans l’air encore chaud de cette fin d’après-midi. La phrase de Mme Paule Ginette Sopou épouse Séka – « lorsqu’une femme se lève, c’est toute une communauté qui avance » - semblait désormais gravée dans les cœurs de ces 200 femmes de l’Association Wofounigui, prêtes à porter encore plus haut les couleurs de l’engagement féminin.
Dans le village de Yaou, ce 24 mai 2025 restera comme une date marquante, celle où la célébration de la femme s’est muée en un véritable projet de société, porté par des femmes déterminées à transformer leur environnement et, par ricochet, leur pays tout entier.
Robert Krassault